Voici ma deuxième chronique. J'ai essayé de diversifier de la première. En effet, la chronique de cet album n'est qu'une sorte d'excuse pour présenter le rock progressif et bien sûr le groupe Yes qui est très cher à mon coeur. J'espère que cette chronique de Noël vous invitera à prendre l'initiative d'aller découvrir le Rock Progressif, style si particulier et si unique.

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Close to the Edge, sorti sur disque microsillon en septembre 1972 est un album du groupe de Rock Progressif  Yes. Le Rock Progressif, quintessence de la musique, genre né grâce à l'album In the Court of the Crimson King, de la formation King Crimson, publié en octobre 1969.
Mais si In the Court of the Crimson King est l'acte fondateur de ce style musical, Close to the Edge en est une des apogées. En effet, cet album est un condensé en trois musiques de tout ce qui peut caractériser le Rock Progressif.

Certes, à l'écoute de la galette plusieurs choses frappent. En premier lieu, la complexité des morceaux saute aux oreilles et les habitudes progressives sont bien présentes : la construction des musiques est complètement déroutante, les auditeurs accoutumés à des styles plus communs, cherchant un enchaînement couplet/refrain seront purement désorientés. En effet, l'album est serti de compositions aux structures déstabilisantes, loufoques, rocambolesques, mais toujours marquées par un énorme travail et une cohésion sans commune mesure. Il en va de même pour les lyrics, sombres et réfléchies. Yes instaure ici des textes à géométrie variable, écrits principalement par Jon Anderson, qui participent à l'harmonie plus qu'au sens général, ainsi, plusieurs interprétations potentielles sont mises en place. Anderson a cependant expliqué, dans une interview qu'il s'était inspiré du roman Siddharta d'Herman Hesse, peintre, poète et romancier germano-suisse ayant reçu le prix Nobel de littérature en 1946, pour confectionner ses lyrics. Ainsi, après lecture de ce roman, des exégèses pléthoriques d'ordre spirituel nous sont données aux paroles de Close to the Edge. Je vous épargnerai ces diverses explications de textes, bien que celles-ci soient fortes intéressantes, cela s'avèrerait très, voire trop long.

En effet, la longueur... Longueur musicale due, entre-autres, à la complexité et l'exposition perpétuelles des thèmes proposés par le Rock Progressif. Hé oui! Pour les jeunes auditeurs de musiques radiophoniques actuelles, il est difficile de croire en l'existence de musiques d'une durée pouvant excéder le quart d'heure et comprenant, entièrement ou en partie, des parties totalement instrumentales. Close to the Edge, titre éponyme, se voit offrir quasiment 19 minutes de mélodies aussi variées qu'abouties. Mais jamais des minutes ne semblent s'écouler plus rapidement qu'à l'écoute de cet album, et ne croyez pas qu'une seule écoute semble possible, la complexité musicale, la recherche et la variété sonores sont telles, qu'à chaque écoute vous redécouvrez littéralement les trois titres présents.

Il est vrai que la recherche proposée sur l'ensemble des trois morceaux éblouit. Les mélodies proposées nous envoient voyager dans des contrées extatiques, les guitares de Steve Howe brillent par leurs leads et leurs rythmiques, les claviers de Rick Wakeman ajustent leurs sons aux ambiances, ainsi nous sommes plongés dans des univers teintés d'orgues, de synthétiseurs électroniques, de mellotrons,... De plus, les lignes de basse de Chris Squire et les parties de batteries de Bill Bruford viennent renforcer l'immersion, à la fois douces et torturées, charmantes et hurlantes, elles imposent un style et un son unique, tout comme le reste des instruments. C'est en ça que Yes est extraordinaire, chaque instrumentiste a un style de jeu et un rendu sonore unique.  Et ne laissons pas de côté Jon Anderson, chanteur à la voix angélique au combien respecté dans le milieu progressif, et dans son cas, c'est la même chose que précédemment, quand on a déjà entendu Yes et que l'on est un minimum mélomane, on ne peut que se dire « Zeus! Quelle voix! Je n'ai jamais rien entendu de si merveilleux et si similaire à une réminiscence vocale céleste! ».

L'un dans l'autre, au delà de cette emphase musicale transcendante, Close to the Edge nous fait ressentir toutes sortes d'émotions à chaque seconde. Vous traverserez, entre-autres, affres et grisaille avec Close to the Edge, alacrité et affliction avec And You and I, confusion et froideur avec Siberian Khatru. Mais aucun mot ne peut résumer le ressenti au cours de l'écoute de ces 37 minutes de pure extase. Et c'est finalement ça l'esprit progressif, un aboutissement suprême dans la transcendance et la magnificence de l'art musical. Selon Emmanuel Kant, philosophe allemand, "la musique est la langue des émotions'', et finalement, 250 ans plus tard, on peut dire que le Rock Progressif est l'aboutissement linguistique à son apogée. C'est pourquoi je ne peux que vous recommander d'aller ambitionner cet album culte, pour entrer dans le monde réduit de la musique progressive et vous acculturer aux recherches artistiques aussi complexes, qu'audacieuses et ambitieuses.

-CaSQuE-


Notez que je me suis payé le luxe de vous offrir deux images : le devant de la pochette de l'album, et en dessous, l'image intérieure tirée du vinyle même.
 

http://progchron.cowblog.fr/images/closetotheedge.jpg


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